Articles, compostage, rcc, réseau compost, rcc grand est, réseau compost citoyen Grand Est, compostage

Eco-digesteur, matériel de déshydratation des biodéchets

25/08/2023 | Réglementation
En linguistique on distingue le "lexique", qui est la liste des mots de la langue, immense, et que personne ne "maîtrise" totalement, et le "vocabulaire", qui est ce dont on se sert, qui varie selon les individus, et qui évolue aussi beaucoup dans la vie...
Ce qu'on entend et qu'on constate, c’est que le vocabulaire se rétrécit... et les langues de bois sont aussi une forme d'appauvrissement...

Dans le domaine de la valorisation des biodéchets, il y a aussi une forme d'appauvrissement de notre langage technique par le fait que certains mots sont employés à la place d'autres.. et dans un but commercial souvent...
Exemple, depuis l'interdiction du brûlage au grand public, les magasins de jardinage et bricolage tentent de revendre leurs incinérateurs de jardin en les déguisant en.. composteurs !
Concernant les digesteurs, nous serons d'accord pour affirmer qu"ils ne transforment en aucun cas nos épluchures et restes de repas en substances et molécules assimilables par les plantes... comme peut le faire notre appareil digestif avec les aliments que nous mangeons.

L'article suivant précise l'utilisation des éco-digesteurs dans la cadre de la réglementation biodéchets

Trier les biodéchets...et les valoriser...

Les biodéchets sont majoritairement composés d'eau et c'est notamment pour cette raison qu'il est regrettable de les transporter sur des kilomètres ou encore de vouloir les incinérer....

ecodigUn éco-digesteur est un déshydrateur ou un sécheur destiné à réduire le volume de biodéchets en supprimant l'eau de la matière. Certaines machines peuvent réduire de 90% le volume des déchets en 24 heures.

Aujourd'hui, un éco-digesteur (qui ne digère pas d'ailleurs) n'est pas reconnu comme solution de compostage des biodéchets, comme ont souhaité le faire entendre les vendeurs de matériel aux établissements qui en ont alors acquis un. Le jeu de langage a été efficace, faisant croire que ce matériel permettait d'être en règle avec l'obligation de "tri à la source des biodéchets en vue de leur valorisation". Le jeu a consisté à diffuser une information partielle car le matériel permet de trier mais ne permet en effet pas de valider l'étape valorisation. En effet, le produit issu d'un éco-digesteur ou déshydrateur doit être composté ou méthanisé pour cocher cette case valorisation puisqu'il reste un déchet : il ne peut donc pas être épandu au sol tel quel et nécessite, au mieux, une phase de compostage pour être utilisé en tant qu'amendement.

LA FICHE TECHNIQUE édité par la DGAL (Direction Générale de l'Alimentation) clos donc le débat sur le statut des déchets produits par ces machines.
Voici un extrait de cette fiche :
" Les équipements mis en place dans les cuisines ou dans leur secteur « déchet » (sécheur, composteur mécanique, déshydrateur, broyeur, dispositif de Bokashi, à bain d’huile,..) ne sont pas des installations de « compostage de proximité » car elles ne procèdent pas ou ne sont pas associées à une phase de« conversion biologique aérobie » comme décrite dans les guides suscités.
N’étant pas agréées, et quels que soient les procédés appliqués, le produit sortant est un SPAn, non éligible à une application directe dans les sols, quelle que soit la norme ou l’homologation auquel il peut être fait référence. Un tel usage est donc réprimé au titre du CRPM (art L228-5). Seule une installation qui pratique une « conversion biologique aérobie » sur des DCT/C3 peut être définie comme un « compostage de proximité » et ce sous réserve qu’elle se réfère ou applique les règles indiquées dans les guides publiés par l’ADEME sur ce sujet et les autres règles précisées dans la présente fiche et par voie d’arrêté."


L'enjeu est donc de faire un choix rationnel pour l'établissement :
- utiliser un éco-digesteur nécessite de mettre en place également un site de compostage pour la valorisation
- alors que le processus de compostage nécessite 50 à 60% d'humidité pour une bonne décomposition, la matière "digérée" a un taux d'humidité très réduit... il serait absurde de devoir la réhumidifier...
- quid de l'aspect économique ? (notamment la fabrication et la consommation électrique de l'appareil)

Les équipements installés dans la précipitation il y a 2-3 ans en région pour des établissements de restauration collective montrent aujourd'hui leurs limites : l'énergie consommée pour supprimer l'eau des biodéchets, la maintenance des machines et la nécessaire solution de compostage à mettre en place.

Un point positif de la mise en place d'un déshydrateur chez un gros producteur peut être de réduire la fréquence de collecte et donc les transports et pollutions qui vont avec. Cela peut concerner des stations d'autoroutes ou des hypermarchés... Quant à la valorisation, choisir d'intégrer les déchets séchés dans un andain de lombricompostage permettrait de ne pas avoir à réhydrater les matières.... à suivre...